Des journalistes en tenue de protection devant un b?timent
Des journalistes couvrant un attentat terroriste au Kenya. Les journalistes sont confrontés à de nombreux dangers lorsqu'ils tentent de couvrir des événements et de dénoncer des actes répréhensibles.
Photo :?UNESCO/Enos Teche

La sécurité des journalistes en période de crise et en situations d’urgence

Mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes est l’un des défis les plus importants et les plus complexes de notre époque. Il s’agit d’une nécessité fondamentale pour garantir le plein exercice du droit à la liberté d’expression ainsi que la possibilité pour tous et toutes de participer à un échange d’idées ouvert, libre et dynamique.

Face à la multiplication des conflits et autres crises, la commémoration de 2024 vise à promouvoir une discussion plus large sur la sécurité des journalistes travaillant dans ces contextes, y compris les préoccupations des journalistes affectés par ces défis liées à la prévention, la protection et les poursuites judiciaires.

De nombreux journalistes, professionnels des médias et personnels associés aux médias exercent leurs fonctions dans des contextes extrêmement dangereux. Trop d’entre eux paient un prix inacceptable,  comme la  mort, les disparitionsforcées, la torture, les détentions illégales et    les enlèvements, pour avoir produit des informations indépendantes, fiables et vérifiables. 

Les journalistes en reportage dans les zones de crise et de conflit sont confrontés à de graves menaces dans l'exercice de leur travail. Alors qu'à partir de 2017, l'UNESCO a enregistré une diminution progressive du nombre de professionnels des médias tués dans les zones de conflit, la tendance s'est récemment inversée. Le suivi de l'UNESCO en 2023 a enregistré plus de 50% des meurtres de journalistes dans les zones de crise et de conflit, avec des chiffres toujours élevés au cours du premier semestre 2024. 

Ces tragédies ne représentent que la partie émergée de l'iceberg, avec des dommages et une destruction  généralisés  des  infrastructures,  y  compris  celles  des  médias  et  des communications, ainsi que de nombreuses autres menaces, qu'elles soient liées ou non aux conflits, comme le traumatisme, la confiscation d'équipements ou le refus d'accès aux sites de reportage. Face à ces risques et à d'autres, un grand nombre de journalistes sont contraints de s'exiler, de fuir ou de cesser complètement de travailler.

Qu’ils couvrent des conflits, des catastrophes humanitaires, des crises climatiques ou sanitaires, les journalistes continuent d’être confrontés à des menaces disproportionnées et à des niveaux d’impunité plus élevés pour les exécutions extrajudiciaires, la  torture, les disparitions  forcées et les détentions arbitraires, ainsi que pour les intimidations et le harcèlement, tant hors ligne qu’en ligne. 

Pour en savoir plus : Note conceptuelle .

?vénements 2024

La Journée mondiale de commémoration  se tiendra au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Ethiopie, accueillie par l'UA et coorganisée par l’UNESCO et l’UA. L’évènement aura lieu du 6 au 7 novembre, sous le thème de la Sécurité des journalistes en périodes de crises et en situations d’urgence.

Comment le pouvoir judiciaire peut-il protéger la liberté d'expression ?

L'impunité pour les attaques contre les journalistes a un effet négatif sur la société

L'Amérique latine et les Cara?bes restent la région où le nombre d'assassinats de journalistes est le plus élevé, selon le rapport 2022 du directeur général de l'UNESCO sur la sécurité des journalistes et le danger de l'impunité

Depuis 1993, plus de 1700 journalistes ont été tués dans le monde et près de 9 cas sur 10 n’ont pas été élucidés, selon l'Observatoire de l’UNESCO des journalistes assassinés . Ce cycle de violence à l’encontre des journalistes entra?ne une augmentation des meurtres et est souvent révélateur d’un affaiblissement de l'?tat de droit et du système judiciaire.

Si les meurtres constituent la forme la plus extrême de censure des médias, les journalistes sont également confrontés à d'innombrables menaces, allant de l'enlèvement, de la torture et d'autres agressions physiques au harcèlement, notamment dans la sphère numérique. Les menaces de violence et les attaques contre les journalistes en particulier créent un climat de peur parmi les professionnels des médias, entravant la libre circulation des informations, des opinions et des idées au sein de la population.

Les femmes journalistes sont particulièrement touchées par les menaces et les attaques, notamment en ligne. Selon le document de travail de l'UNESCO intitulé ? The Chilling: Global trends in online violence against women journalists ?  (L'effroi : Tendances mondiales de la violence en ligne contre les femmes journalistes), 73 % des femmes journalistes interrogées ont déclaré avoir été menacées, intimidées et insultées en ligne dans le cadre de leur travail.

Dans de nombreux cas, les menaces de violence et les attaques contre les journalistes ne font pas l'objet d'enquêtes appropriées. Cette impunité conforte les auteurs des crimes et a en même temps un effet négatif sur la société, y compris sur les journalistes eux-mêmes. L'UNESCO est préoccupée par le fait que l'impunité nuit à des sociétés entières en couvrant de graves violations des droits humains, la corruption et la criminalité. Lisez et partagez les histoires des journalistes tués #TruthNeverDies  (#尝补痴é谤颈迟é狈别惭别耻谤迟闯补尘补颈蝉).

En outre, les systèmes judiciaires qui enquêtent fermement sur toutes les menaces de violence à l'encontre des journalistes envoient un message fort, à savoir que la société ne tolèrera pas les attaques contre les journalistes et contre le droit à la liberté d'expression pour tous.

Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité

Affiche pour le 10e anniversaire du Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunitéLe Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité est le premier effort concerté au sein des Nations Unies pour lutter contre les attaques et l'impunité des crimes contre les journalistes, avec une approche multipartite et intégrée. Il réunit des organes des Nations Unies, des autorités nationales, des médias et des organisations de la société civile.

Depuis l'adoption du Plan, la question de la sécurité des journalistes a gagné en visibilité au sein des Nations Unies, comme en témoigne le nombre croissant de déclarations, résolutions et autres textes normatifs, ainsi que l'Appel à l'action pour les droits de l'homme du Secrétaire général des Nations Unies. La protection des journalistes fait également partie du Programme 2030 pour le développement durable. Le Plan a également contribué à la constitution de coalitions internationales de gouvernements et de la société civile et a servi à susciter des changements sur le terrain, comme la création de mécanismes nationaux de sécurité dans au moins 50 pays.

Malgré ces avancées, des défis subsistent. Le taux élevé d'impunité pour les crimes contre les journalistes persiste et de nouvelles formes de menaces se développent de manière inédite.

Le dixième anniversaire a été une étape importante pour réaffirmer, recommander et repositionner les efforts visant à faire progresser le plan des Nations Unies.

 

Historique

En décembre 2013, lors de sa 68e session, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution intitulée ? La sécurité des journalistes et la question de l’impunité ? (A/RES/68/163), qui a proclamé à la date du 2 novembre la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Cette résolution a exhorté les ?tats Membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité. La date de cette journée internationale a été choisie en mémoire de deux journalistes fran?ais, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés le 2 novembre 2013 au Mali.

Cette résolution historique condamne toutes les attaques et violences perpétrées contre des journalistes et des travailleurs des médias. Elle exhorte également les ?tats Membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence, en faire rendre compte, traduire en justice les auteurs des crimes commis contre des journalistes et des travailleurs des médias, et veiller à ce que les victimes disposent de recours appropriés. Elle demande, en outre, aux ?tats de promouvoir un environnement s?r et propice dans lequel les journalistes puissent effectuer leur travail de manière indépendante et sans ingérence indue.

Plus d'informations

Le saviez-vous ?

  • 153 journalistes ont été tués en 2022-2023.
  • En 2020 et 2021, l'Amérique latine et les Cara?bes ont représenté 38 % des meurtres, suivies par l'Asie et le Pacifique avec 32 % des meurtres.
  • Seuls 14 % des crimes contre des journalistes sont actuellement considérés comme résolus par la justice.
  • En 2021, le pourcentage de femmes parmi les journalistes tués a presque doublé, passant de 6 % l'année précédente à 11 %.

Source : UNESCO 2022 

Sécurité des journalistes

Découvrez l'action des Nations Unies en matière de sécurité des journalistes .

Ressources

Documents

Des journalistes tendent leur micro

? Aujourd’hui, je peux dire que ma conscience civique est due en grande partie au travail et au courage des journalistes de mon pays, qui est la source de ma motivation et de mon indignation face aux conditions dans lesquelles ils exercent leur métier ?, déclare Diego Luna, acteur, réalisateur et producteur mexicain de renommée internationale, et défenseur des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information. Ce souci de souligner l’importance de la liberté de la presse a conduit M. Luna à produire le film documentaire State of Silence, réalisé par Santiago Maza, documentariste mexicain et défenseur des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.

Des journalistes en danger.

Ce rapport [en anglais] est un mécanisme unique dans le système des Nations Unies permettant d’assurer le suivi des assassinats de journalistes. Sa première publication date de 2008 et il est soumis tous les deux ans au Conseil Intergouvernemental du Programme international pour le développement de la communication de l’UNESCO (PIDC). Combattre l’impunité est une étape importante pour faire face aux chiffres élevés des assassinats de journalistes.

 

 

Portrait d'une femme souriante servant de lien vers la page des célébrations des Nations Unies

Chaque journée internationale représente une occasion d’informer le public sur des thèmes liés à des enjeux majeurs comme les droits fondamentaux, le développement durable ou la santé. Ces journées permettent au système des Nations Unies, aux pouvoir publics et à la société civile d’organiser des activités de sensibilisation et de mobiliser des ressources.